Trauma et guérison – un chemin de courage

Ne vous détournez pas. La blessure est l’endroit où la lumière entre en vous.
Rumi

La compréhension du trauma et de son omniprésence dans toutes les couches de nos sociétés ne cesse de grandir au fur et à mesure que nos connaissances des mécanismes du cerveau, du système nerveux et du psychisme humain s’affinent. Il est d’ailleurs de plus en plus évident que les multiples et graves injustices à travers notre monde ont beaucoup à voir avec des traumatismes (individuels et collectifs) qui n’ont pas été guéris et qui sont autant de plaies dont on détourne trop souvent le regard.

La distinction entre « douleur propre » et « douleur sale » est intéressante. C’est le psychothérapeute et auteur américain Resmaa Menakem qui la propose pour signifier, en premier lieu, « la douleur qui répare et qui peut nourrir notre capacité à grandir », la douleur que nous éprouvons lorsque nous faisons ce qui est juste et intègre, même quand c’est difficile et que nous n’en avons pas envie, ou lorsque nous nous confrontons à l’inconnu malgré notre vulnérabilité et nos peurs. La douleur qui nous fait avancer lorsque nous acceptons de la traverser, qui nous permet de puiser dans notre propre résilience. Ça fait très mal mais on avance, on guérit, on métabolise les blessures et on s’apaise. C’est une libération d’énergie, une ouverture à la vie, qui peut avoir lieu à un niveau individuel mais aussi collectif. Cela demande en général de l’aide, l’accompagnement de quelqu’un qui a fait le voyage et qui est formé à naviguer dans les endroits les plus tourmentés, quelqu’un qui a le cœur et l’esprit ouvert et les pieds sur terre, quelqu’un qui n’est pas affolé par la souffrance.

La douleur « sale », par contre, est la douleur de l’évitement, le blâme et le déni. Lorsqu’une personne réagit à partir des parties d’elle-même les plus blessées et devient cruelle ou violente (envers elle-même ou autrui) ou fuit physiquement ou émotionnellement, elle éprouve de la douleur « sale ». Et elle en crée plus pour elle-même et pour les autres. Les stratégies pour éviter, étouffer, nier la blessure peuvent être très intelligentes et utiles au départ mais lorsqu’elles bloquent l’énergie et ferment le cœur, elles peuvent provoquer la mort avant l’heure – sinon du corps, alors de l’âme.

Ces termes « propre » et « sale » peuvent être très dérangeants si l’on y voit un jugement de valeur. En revanche, il n’y a pas à juger le fait qu’une personne portant du trauma ressente (consciemment ou inconsciemment) le besoin de se protéger, de ne pas aller là où ça fait mal. Ou qu’en souffrant, elle n’ait qu’une envie, celle d’arrêter la souffrance ou la douleur. Cela est parfaitement normal. Mais derrière ces mots provoquants il y une idée essentielle : à terme, la première ouvre, nettoie et libère, la deuxième enferme, gardant la toxicité de la source du traumatisme. Resmaa Menakem en parle notamment en lien avec l’héritage de l’esclavage aux États-Unis, des deux côtés de la fracture raciale, mais cela peut s’appliquer bien sûr à tout le monde et à toute forme de traumatisme, individuel ou collectif. À terme, un pansement sur une plaie sale ne sert pas à grand-chose, au contraire, il risque de provoquer une septicémie même si au début il a peut-être été très utile à la survie. Et oui, le pansement, le médicament, le mécanisme de défense peuvent être absolument nécessaires dans un premier temps ou aussi longtemps qu’ils nous permettent de traverser une crise. Le problème vient lorsque tout cela s’installe et que la blessure est oubliée sans être guérie.

Notre psychisme a beaucoup de manières de se protéger et il ne s’agit pas ici d’une injonction de passer en force – surtout pas. C’est plutôt une invitation à se tourner vers l’endroit du bandage et à employer ce que nous avons de meilleur aujourd’hui pour accueillir, accompagner, nettoyer et soigner les parts de nous-mêmes – et de notre société – impactées par des traumatismes passés et récents. À juger par le niveau de douleur dans le monde, il ne nous reste pas beaucoup d’autres choix. C’est un processus souvent de longue haleine lorsqu’il s’agit de blessures, de croyances et de défenses installées depuis des années, des générations, des siècles… C’est un nettoyage qui ne peut pas se faire sans une compassion profonde et une reconnaissance de notre humanité commune. Cela peut parfois prendre toute une vie. Pour une communauté, un peuple ou une société, peut-être des générations.

Ma propre histoire de trauma – trans-générationnel, collectif, familial, individuel – m’a conduit sur un chemin de vie riche mais parfois chaotique, parfois aride, parfois créatif. Un de mes rêves de ces dernières années se réalise aujourd’hui avec un sommet sur le trauma que je co-organise dans le cadre des Congrès Quantum Way : « Trauma, Attachement et Résilience ». Il a fallu quelques détours pour y arriver, sur des chemins cahoteux où les écueils et les bandits ont été, comme tout le reste, mes enseignants. Et bien entendu, la réalisation de ce projet n’aurait pas été possible sans les compagnons qui m’ont rejointe sur la route.

Si le sujet vous intéresse, je vous invite à nous rejoindre en ligne du 21 au 26 avril prochain pour le 1er Congrès International bilingue (anglais & français) en ligne, « Trauma, Attachement et Résilience ». Nous avons des intervenants de haut niveau de cinq continents qui aborderont de nombreux aspects de ce thème d’une importance cruciale.

Ce sommet s’adresse principalement aux professionnels de santé (médecins, psychothérapeutes, psychiatres, psychologues, infirmiers, kinésithérapeutes, orthophonistes, thérapeutes en médecine alternative ou énergétique… qui veulent enrichir leur propre pratique) ; aux professionnels de l’accompagnement (enseignants, coaches, professeurs de yoga, enseignants de méditation, éducateurs, assistants sociaux, foyers d’urgence, associations… pour qui il est essentiel de savoir détecter une personne traumatisée afin de l’adresser à un spécialiste) ; mais aussi au grand public éclairé ou intéressé par la problématique du trauma ou de l’attachement (victimes de traumatismes, souffrant d’un trouble de l’attachement, d’anxiété généralisée ou d’autres symptômes avec origines traumatiques, cherchant des clés pour mieux comprendre leur situation et des pistes pour transcender un événement traumatique auprès d’un professionnel qualifié ; des personnes vivant avec quelqu’un traumatisé, …).

 Inscription gratuite : cliquer ici