Trauma

Réduire la souffrance inutile : une raison d’être de la pratique

Nombreux d’entre vous ont pu assister en avril au sommet en ligne « Trauma, Attach(e)ment & Résilience » que j’ai co-organisé. Pour moi, ces congrès participent à l’aboutissement d’un projet de longue date, celui de contribuer à ma manière à la diffusion des connaissances qui peuvent favoriser la compréhension, ouvrir les consciences et changer les comportements dans le but de réduire la souffrance.

Si la souffrance fait partie de la vie, celle qui est créée par les humains (que ce soit volontairement ou pas) et donc évitable, est plus difficile à admettre que celle, inévitable, de la perte, du vieillissement et de la mort. Je suis persuadée qu’éveiller les consciences et soigner/éviter les traumatismes devront aller de pair pour favoriser le changement radical qui permettrait à l’humanité d’évoluer vers plus de paix et plus de respect pour la terre et toute la vie qu’elle soutient (en gros, qui permettrait notre survie). Il est donc essentiel pour nous de reconnaître nos propres blessures et de savoir comment elles se manifestent et se perpétuent, pour les soigner. Pas comme un pansement ou un subterfuge qui nous font accepter docilement les injustices sociales et structurelles, qui, elles, perpétuent les facteurs majeurs de stress et de trauma, mais comme une prise en charge de nos propres blessures, ce qui nous rend plus heureux, plus justes et plus sensibles aux blessures et souffrances des autres, à notre humanité commune et notre interdépendance, au fait que si toi tu souffres, moi je souffre aussi, que la séparation et l’altérisation égalent souffrance, tandis que le lien (sain) répare et rend sécure, que ce soit au niveau individuel ou collectif. Comme le souligne Matthieu Ricard, « le véritable altruisme va naturellement de pair avec une profonde satisfaction personnelle » et nous donne « l’impression d’être en adéquation avec notre nature la plus intime », « qui fait que les illusoires barrières inventées par l’égocentrisme entre le « moi » et le monde s’évanouissent, ne serait-ce qu’un instant, et que nous éprouvons un sentiment de communauté de nature, qui reflète l’interdépendance essentielle de tous les êtres ». (Plaidoyer pour l’altruisme, p.94).

J’arrive donc au bout d’une période d’activité intense, ce qui est toujours l’occasion de m’interroger sur le sens de ce que je fais, notamment si j’ai été en suractivité. Je peux regarder avec plus de recul et d’honnêteté les parties de moi-même qui ont tendance à être dans l’activité, au détriment souvent de celles qui aiment et ont besoin de calme, de non-faire, et qui vont pouvoir maintenant prendre plus de place. Mais je ne doute pas un instant du sens que cela a, pour moi, d’explorer, de chercher, de faire connaître comment contribuer à une libération de la souffrance par une ouverture de la conscience – ne serait-ce que de la mienne. Il s’agit là d’une base, une raison d’être, de la pratique de la mindfulness, la méditation de pleine conscience et la vie en pleine présence.