Pourquoi méditons-nous ? Une vue plus large

Nos motivations pour méditer commencent par être individuelles mais avec la pratique notre interrelation avec tout ce qui vie devient de plus en plus évidente à un niveau profond. De plus en plus de chercheurs s’intéressent aux effets de cela sur nos rapports avec la nature.

Dans notre société, en grande majorité, la raison pour laquelle les personnes s’intéressent à la méditation ou commencent à méditer est pour aller mieux : soit elles ont un problème dans leur vie (de santé, de stress, de sommeil, émotionnel, …), soit elles veulent améliorer quelque chose (meilleure performance ou concentration, plus de calme et de recul, …). La raison principale est donc individuelle et personnelle et ceci est tout à fait compréhensible. Peu de personnes s’y mettraient s’il n’y avait pas de bénéfices à espérer. On pourrait même dire que rares sont les personnes qui s’imposeraient cette « discipline » sans motivation personnelle assez forte.

Et pourtant, des chercheurs se penchent de plus en plus sur la question de la dimension éthique de ce type de pratique ou du moins le lien entre le fait d’avoir une pratique contemplative telle que la mindfulness et nos relations avec les autres êtres humains mais aussi avec le monde dont on fait partie, autrement dit, les autres espèces et la nature en générale.

Miriam Cue Rio, économiste du développement (une amie que j’ai rencontrée lorsque nous étions étudiantes au Mindfulness Training Institute), s’est penchée en tant que chercheuse sur la question du lien entre la pratique de la méditation (et notamment la méditation de pleine conscience) et des enjeux de durabilité écologique. Dans sa récente intervention au Congrès en ligne sur la « Méditation et la Mindfulness : Ressources pour le monde d’aujourd’hui » elle a fait état de recherches empiriques récentes montrant des liens certains (sans que ce ne soit considérés comme des preuves scientifiques, pour l’instant) entre une pratique de la mindfulness et six qualités :

  • Conscience/sensibilisation accrue
  • Amélioration de la santé individuelle et du bien-être subjectif
  • Des niveaux plus élevés de connexion avec la nature
  • Des tendances pro-sociales plus fortes telles que l’altruisme, la compassion et l’empathie
  • Renforcement des valeurs intrinsèques et de la prise de décision éthique
  • Une plus grande ouverture aux nouvelles expériences.

Il paraît assez évident que pour sortir des différentes crises actuelles et notamment la crise écologique qui menace notre survie sur terre, nous avons besoin de nouvelles stratégies qui demanderont certainement des changements de l’intérieur : un nouvel équilibre entre l’intellect et le corps, l’esprit et le cœur, les humains et le monde. Ce type de changement du bas vers le haut va du niveau individuel au niveau global en passant par le niveau sociétal. Une hypothèse (qui pour moi paraît une évidence) est que, parce que la mindfulness développe notre attention et notre présence, ainsi qu’une attitude accueillante et non-jugeante, elle mène à plus de conscience, de perspicacité et de compréhension de nos habitudes et de leurs effets. Nous pouvons ainsi nous libérer plus facilement d’habitudes nuisibles. De même, la conscience de notre propre valeur intrinsèque nous permet de voir le monde autrement.

Pour en savoir plus et pour les références aux différentes recherches scientifiques, vous pouvez contacter Miriam directement à : miriam.cue@ird.fr

Sa conférence est disponible dans le pack du congrès « Méditation et Mindfulness », en vente en version originale anglaise (avec questions et réponses à la fin en français) ou en version française (interprétariat simultané).